Le faucon d'été

Les légendes racontent que le roi Pellès donna naissance à une fille, Elaine, qui elle même donna naissance à un fils après avoir séduit un noble chevalier par l'aide d'un philtre d'amour. Son fils elle le nomma Galaad et parce qu'il ne faisait pas bon élever seul un enfant dans une citée en décrépitude comme Corbenic, le jeune bébé fut placé dans un monastère où les moines lui enseignèrent les valeurs les plus pures. Sous le bon regard de Dieu, Galaad devint rapidement un jeune homme de grands talents. Doué pour les discours justes et les actes tout aussi justes, il reçu vers l'âge de quinze ans la visite d'un ermite qui lui annonça que son devoir était de rejoindre la cour du roi Arthur où il accomplira sa destinée. Sans plus tarder le jeune garçon prit cheval et arme pour se rendre dans la grande citée de Camelot. Il se présenta au roi Arthur avec les armoiries de sa famille et il entra à la cour en tant que prince de Corbenic. De par sa lignée on lui accorda l'adoubement et une place comme réprésentant de son royaume autour de la Table Ronde. Comme pour de nombreux autres chevaliers, on lui proposa d'essayer de siège périlleux, celui où seul le bon chevalier pourrait s'asseoir. Ce siège avait pour réputation d'être enchanté et de porter malheur un court instant à quiconque s'y installerait sans en être digne. Les autres chevaliers attendèrent donc que Sir Galaad soit pris d'un réflexe, qu'il se lève d'un bond du siège et ne s'y installe plus. Mais au lieu de ça, une chaleur douce envahit la pièce et une lumière étrange apparut au centre de la table. S'atténuant petit à petit elle sembla bientôt émaner d'un objet étrange semblable à un calice. Au même instant, sur la table, apparut le plus grand festin que le meuble pouvait supporter. Le Graal apparut aux chevaliers et disparut presque aussi tôt, laissant derrière lui le festin des chevaliers. Dès lors, et sous le regard avisé de Merlin qui avait fait entrer le jeune chevalier dans l'Ordre, on sut que le destin de Galaad était loin d'être ordinaire et que se présentait devant eux le bon chevalier, l'élu du Graal. Ce fut également à cet instant que débuta la quête de toute une vie, la quête du Saint Graal.

Il y a trente ans.
« Merlin j'ai peur, atrocement peur... Cette malédiction, qui sait ce qu'elle provoquera par la suite ? Si notre roi disparait Camelot est vouée à mourir et nous ne pouvons pas le permettre. Arthur doit rester sur le trône pour que son destin s'accomplisse. S'il te plait, protège le comme tu l'as toujours fait. »

Un an après le début de la Quête du Graal, une roche étrange fit son apparition au centre d'un lac proche de Camelot. Ce rocher de marbre rouge avait, en son centre, un glaive planté jusqu'à la garde. Sur le pommeau était gravé en lettres d'or : "Jamais personne ne pourra m'enlever d'ici, sinon celui qui doit me prendre à son côté. Et ce sera le meilleur chevalier du monde." Non sans rappeler l'épée du roi Arthur, cette épée même qui avait légitimé sa place sur le trône, de nombreux chevaliers tentèrent une fois de plus de retirer une arme d'un rocher. Sir Gauvain tenta sa chance mais, bien qu'y ayant mit toute sa force, le glaive ne cilla pas. Lancelot, certain d'échoué, ne tenta pas sa chance. D'autres chevaliers moins célèbres s'y essayèrent jusqu'à ce que Sir Galaad s'approche du glaive, en saisisse la poignée et retira la lame avec la plus grande aisance. C'était pour lui comme si le glaive n'avait été enfoncé que dans l'eau, aussi facile que de soulever une épée posée à même le sol. Cette épée celtique lui revint. Cette histoire n'ayant duré qu'un court instant ne fit pas l'objet de trop de commérages et on oublia bien vite l'origine de son arme.

Il y a trente ans.
« Merlin, mon bon Merlin. Qu'adviendra-t-il du peuple que tu ne sauras sauver de cette malédiction ? Eux, qui pourra les protéger des Merveilles du monde ? Si la sorcière se courouce contre un, les autres n'ont pas à payer pour les fautes commises. J'ai certes peur, mais n'est-ce pas naturel dans cette situation ? C'est la peur qui nous fait avancer et c'est elle qui va me pousser à te demander une faveur, une seule. »

Durant les années qui ont suivis, Sir Galaad et les autres chevaliers ont menés de nombreuses missions pour retrouver les traces du Graal mais sans grand succès. Les échecs se succédant, de nombreux hommes ont perdus espoir et se sont tournés vers des quêtes moins importantes. Sir Galaad et une poignée d'autres chevaliers, de la Table Ronde pour la plupart, continuèrent à mener leurs enquêtes, cherchant à connaître la nature du Graal et pêchant tous les détails même les plus insignifiants qui pourraient y mener. Le jeune chevalier qu'il était, le plus jeune à être entré dans la confrérie des Chevaliers de la Table Ronde, Galaad est devenu avec le temps un chevalier indispensable. Il a sut faire montre de sa valeur et s'il n'est pas du genre à se mettre en avant, le destin le pousse bien souvent à se surpasser lui même. La gloire, les acclamations et la reconnaissance ne représentent rien pour le jeune chevalier qui y préfère la satisfaction personnelle de contribuer au bien être de la Bretagne. Il lui arrive parfois de rêver au repos éternel dans l'au-delà et il se jure jour après jour, dans ses prières, qu'il ne se reposera qu'une fois sa mission accomplie. Il rêve de retrouver la haut les verts paturages de son enfance, d'y courrir pieds nus pour sentir chaque brin d'herbe et chaque caillou et de revoir un jour le visage souriant de sa mère.

Il y a trente ans.
« Il est de mon devoir de protéger le peuple de Bretagne des Merveilles du monde, j'en ai fait le serment et si je m'en détache je ne vaux plus rien. J'aimerais garder cela a l'esprit. Je te demande, te supplie même, d'utiliser ta magie sur mon esprit afin de le garder éveiller peu importe le monde dans lequel je me retrouverais. Au nom de Camelot et de l'Eternel je t'en conjure. »

Lorsque le sort noir enveloppa le monde des contes et des légendes, Galaad fut emporté comme bon nombre d'habitants. La peur au ventre il crut dans les premiers instants devenir fou. Il se retrouvait dans une ville étrangère avec des vêtements étrangers. Le sol semblait être fait d'une unique roche sombre et les maisonnées arboraient d'étranges façades. Les premiers jours Galaad chercha à comprendre où il avait atterrit puis veilla au bon déroulement de la vie. Par chance aucun événement magique ne vint en près de trente ans déranger la vie paisible de la ville. Galaad, sous le nom de Warren Summer car c'était comme ça qu'il était connu de tous, s'était engagé dans les forces de l'ordre et était devenu adjoint du shérif. Lorsque la ville devint visible pour ceux de l'extérieur, il veilla à ce qu'ils soient eux aussi intégrés et protégés puisque toute vie vaut la peine d'être vécue. Quant à ses véritables souvenirs.... Il n'en parla jamais à personne. Quand bien même il aurait été crier la vérité sur les toits on l'aurait pris pour un fou et enfermé dans un asile et pour tout dire, du fond d'une cellule d'isolement il est difficile de protéger les autres...

Il y a trente ans.
« Merci Merlin. »